Le système économique qui règne en maître sur l’essentiel de l’économie mondiale, le capitalisme, est en crise.
N’en déplaise au Chef de l’Etat, il ne se divise pas en capitalisme industriel paré de toutes les vertus et en capitalisme financier paré, lui, de toutes les tares depuis qu’il est déclaré officiellement en crise.
Dès la publication de ses conséquences, n’avons-nous pas tous entendu notre Président analyser la situation en France par « nos établissements bancaires ne sont pas concernés par ce phénomène » ?
Depuis, on s’est aperçut que la grande majorité de ces établissements, sinon la totalité, était frappée de plein fouet par cette crise que l’on dit partie des USA, d’où la décision de l’Etat de les recapitaliser : 360 milliards d’euros.
Puis, on s’aperçut, après la déclaration du Chef de l’Etat que seul le capitalisme financier, qu’il était urgent de réformer, d’humaniser, était en crise ; on vit que son pendant, dit capitalisme industriel, était à son tour contaminé.
Pour nous, il n’y a aucune différence entre ces soi-disant capitalismes : ils tiennent tous deux la tête sous l’eau à leurs salariés qui contestent le fait du Prince ( voir la manif du 29 janvier), offrant tout ce qu’ils demandent, et même avant, aux employeurs sous de vagues menaces à leur encontre s’ils versent à leurs actionnaires des dividendes sur ce que l’Etat va leur prêter. On se demande de quelle manière tout ceci sera contrôlé, ces « chers » actionnaires qui encaissent quand tout va bien, mais ne décaissent jamais quand tout va mal, la vie est belle pour eux.
Et ce beau monde : Etat, patrons d’industries, banquiers, sont sur la même longueur d’onde.
Pas question d’augmenter de si peu que ce soit leurs salariés, les prix augmentent, eux, en général, et si la grande distribution les baisse quelque peu, c’est toujours au détriment des producteurs.
Pas question non plus de se priver de cette crise pour réduire les effectifs, ils sautent sur cette occasion, alors que si l’industrie automobile est en sur stock c’est bien parce qu’elle n’a pas su gérer ses productions ; il fallait toujours produire plus, même si on remplissait des parkings que l’on ne pouvait vider ; elle ne le souhaite toujours pas puisque les clients aujourd’hui s‘entendent dire « livraison sous minimum 3 mois ».
Les mises en chômage partiel après utilisation des RTT et congés, touchent bien sûr les sous traitants. Dans la vallée d’Arve, par exemple, les entreprises de décolletage travaillant pour l’industrie automobile, la grande majorité, baissent leurs heures de production à 25h par semaine ( le reste étant en chômage technique), renvoient les intérimaires, ne renouvellent pas les CDD ; certaines envisagent à plus ou moins long terme la fermeture s’ils n’obtiennent pas d’aide.
Les aides ASSEDIC pour la formation étant réduites à la portion congrue depuis plusieurs années, ne concernent plus que les métiers « en tension » et même là, les budgets sont en diminution constante surtout après la suppression par le gouvernement de l’AFF ( Allocation de Fin de Formation) permettant de financer des projets de reconversion.
CONCRETEMENT POUR SALLANCHES
Plusieurs entreprises de décolletage sont en grande difficulté : renvoi des intérimaires et non-renouvellement des CDD, réduction de l’horaire hebdomadaire de plus de 40h à 25h ; la différence est compensée par le chômage technique, d’où des pertes importantes de salaire (toujours la même méthode : aucune imagination fertile chez les employeurs permettant de garantir la totalité des salaires de leurs employés).
Et Dynastar direz-vous ?
Il semble que les mêmes solutions adoptées antérieurement à la crise produisent les mêmes effets que dans l’automobile : hautes cadences menant à une surproduction (290 000 paires) que le manque de revenu du salaire à une hauteur satisfaisante pour la majorité de la population active ne permet pas d’écouler. Et voilà des skis, Rossignol ou Dynastar, les derniers fabriqués en France, qui restent sur les bras de l’entreprise ! Quand donc nos industriels comprendront-ils la leçon ? Sans doute jamais, si on reste dans une logique de production capitaliste sacrifiant à la rentabilité maximale du taux de profit !
QUELLES SONT LES SOLUTIONS POSSIBLES?
L’EMPLOI ET LES SALAIRES :
-Suspendre immédiatement tous les plans de suppression d’emplois
-Dans les entreprises où des problèmes se posent, organiser des tables rondes (directions/Etat/Elus/Syndicats) ; leurs propositions seront examinées prioritairement par les banques et les pouvoirs publics.
-Mettre à contribution les profits et les dividendes versés aux actionnaires et réduire les intérêts payés aux banques.
-Conditionner toutes les aides aux entreprises à la relance de l’emploi.
POUVOIR D’ACHAT :
-Augmenter immédiatement le SMIC, les traitements de la fonction publique, le minimum vieillesse, les minima sociaux.
-Organiser sans délai une conférence sur les salaires et le pouvoir d’achat.
-Baisser la TVA sur les transports et produits de première nécessité.
RELANCE MASSIVE DES INVESTISSEMENTS :
Dans le Public :
-Arrêt immédiat des suppressions de postes dans les services publics et plan de développement.
-Plan massif d’investissements publics pour l’école, la santé, la modernisation du transport ferroviaire, la recherche publique, et des aides exceptionnelles aux collectivités locales.
Dans le Privé :
-Un plan de modernisation de la filière automobile tenant compte des enjeux environnementaux.
-Stimuler la filière du bâtiment par un plan de construction et de réhabilitation de logements sociaux accessibles et respectueux de l’environnement.
-Des crédits à taux zéro aux PME en difficulté qui renoncent aux suppressions d’emploi.
REORIENTER L’ARGENT DE LA FINANCE :
-réorienter l’utilisation des 360 milliards du plan d’aide aux banques, accordé sans contrepartie, et engager la construction d’un pôle de financement public à partir de la Banque Postale, Oséo, la Caisse des Dépôts et Consignation, les Caisses d’Epargne.
-Renoncer définitivement au traité de Lisbonne qui attise l’incendie financier et refonder les missions et le rôle de la Banque Centrale Européenne.
Yves Pierrat