Par Didier Dervant
Les Jeux Olympiques d’hiver ont un impact insupportable sur l’environnement :
Où qu’ils soient organisés les Jeux Olympiques d’Hiver nécessitent la construction d’infrastructures lourdes, dans des territoires montagnards par définition fragiles : nombreuses routes d’accès, grands centres hôteliers, imposantes remontées mécaniques, batteries de canons à neige pour faire face au réchauffement climatique, cycle de l'eau perturbé. Cette vision des stations de moyenne et haute montagne comme de grands parcs d’attractions est en contradiction avec le développement d’un « éco-tourisme » respectueux de l’environnement et financièrement accessible au plus grand nombre. Ce type de tourisme « doux » est actuellement en plein développement dans les Alpes.
L’organisation des jeux est un véritable gouffre financier :
Pour convenir aux critères de sélection du CIO, nos villes devraient s’endetter pour longtemps. Qui dit endettement public massif, dit raz de marée de la fiscalité locale, comme c’est déjà le cas à Grenoble (+13% en 2009) et à Nice (+ 15% en 2009). Un seul exemple suffit : le CIO exige de la ville hôte 22 800 chambres en hôtels 3 à 5 étoiles. Selon les offices du tourisme respectifs, Grenoble détient moins de 4 000 chambres, Annecy 4 100, Nice moins de 10 000. Notons par ailleurs qu’une candidature coûte au minimum 20 millions d’€. Au vu de l’actuelle crise économique, sociale et écologique, il est indécent et politiquement irresponsable de vouloir défendre un si coûteux show télévisuel.
Le milieu de l’olympisme fonctionne de manière opaque et sans aucun contrôle :
La France n’a quasiment aucune chance d’être retenue. Cette candidature française est une candidature de complaisance à l’égard des instances internationales olympiques qui ont besoin de l’argent des pays candidats. Le CIO a d’ailleurs toujours refusé de se soumettre à un quelconque contrôle, sous l’égide de l’ONU par exemple. Ces membres sont cooptés et prennent des décisions, comme la dernière en attribuant les JO à Sotchi, sur des critères souvent inavouables… D'ailleurs la création et la forte audience des comités anti-olympiques dans les villes candidates démontrent la non-adhésion des populations concernées.
Les JO du 21ème siècle sont encore à inventer : loin des magouilles du CIO, loin du sport spectacle et des risques du dopage, loin des intérêts privés des multinationales sponsors qui n'ont que faire des problématiques environnementales, sociales et démocratiques. Des jeux qui rassemblent les peuples, réunissent les sportifs amateurs et professionnels, valorisent les épreuves handisports et sont un plaisir pour les participants comme pour les spectateurs, sont possibles. Si le projet a été dévoyé, l'imaginaire olympique reste enthousiasmant. Mais tant que le CIO n’évoluera pas, nous refuserons la logique actuelle des Jeux Olympiques.
Et que dire du projet de village olympique sur les derniers terrains de la plaine de Passy : après les Jeux, il serait prévu de le transformer en cité dortoir, loin de tout, pour les travailleurs saisonniers des stations de ski de la région !
Des logements sociaux, oui, mais pas n'importe où, ni n'importe comment !